La page se tourne : Après un dernier Cabaret Impromptu, La Capitainerie ferme. Le mot qui revient, chez beaucoup de spectateurs - occasionnels ou habitués - et d’artistes, c’est le mot «gâchis».
Gâchis parce que pas grand monde ne comprend comment la commune de Joze et le communauté de communes Entre Dore et Allier ont pu à ce point être sourdes et aveugles, passer à côté, rater le coche. Toutes les instances leur ont dit, tous les témoignages concordent.
Gâchis parce que disparaissent à la fois une alchimie très particulière, un creuset artistique et humain, un réseau mais aussi un outil technique rare à plus d’un titre.
La Capitainerie défendait précocement l’idée que la culture devait tout autant irriguer les zones rurales que les villes ; que les habitants des campagnes étaient aussi curieux et gourmands d’art, intelligents et possiblement critiques que les citadins. Aujourd’hui, trente ans après, des élus de notre territoire en sont encore à parler d’animation et considèrent que la culture ne relève pas de leurs compétences. De fait, cette communauté de communes, qui a vu naître la première saison culturelle en zone rurale du Puy-de-Dôme, sera la seule de notre département à en être dépourvue quand, dans une poignée de jours, La Capitainerie aura fini de fermer.
Et ce gâchis, immanquablement, va faire des petits : un jour ou l’autre, les instances de ce territoire vont s’apercevoir qu’elles sont à la traîne en matière de spectacle vivant. Alors elles vont vouloir y remédier ; et découvriront - avec leurs contribuables - ce que ça coûte, normalement, une saison culturelle. Ils trouveront les moyens financiers, malgré tout. Certains élus, sans doute, se souviendront peut-être alors de ce que nous, et d’autres - y compris des représentants des collectivités territoriales et de l’Etat - avons tenté vainement de leur faire comprendre.
Pendant trente ans.